Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ici qu’à tâtons, et l’art des étymologies est trop incertain pour ne pas inspirer de la défiance et des précautions. Encore un coup, il faut voir et comparer plusieurs vocabulaires ensemble avant d’en tirer des résultats et des conséquences qui mènent à des principes généraux.

Cependant, comme la nature a formé les êtres analogues ou de la même espèce sur un même moule, peut-être a-t-elle aussi modelé sur un même type les noms originaux qui les représentent. La plupart des grands objets communs à tous les pays excitent partout une sensation dominante ; mais cette sensation n’étant pas toujours unique, la manière de représenter ces objets par la parole ne devrait pas être partout la même. Ainsi, tel homme ou tel peuple aura représenté le chêne par sa grandeur, tel autre par son fruit, tel par son écorce, et tel par son principal usage ; sous la zone torride, par la fraîcheur que donne l’ombre de son feuillage ; dans le septentrion, par la chaleur que communiquent ses branches jetées au feu. Mais un indice de la pente de l’homme à imiter la voix de la nature dans la formation des mots, c’est l’accord de la plupart des langues à représenter certains oiseaux par la répétition de leur chant. Ainsi le mot kamtchadale kodkoutchith, le mot koriak kdikouk, et le mot kourile kankkok, rappellent à l’oreille le chant du coucou ; de même que le mot français et le mot latin cuculus, qui, par sa signification,