Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/85

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grosses vagues qui se heurtent, écument, et jaillissent en petite pluie. Ce combat des eaux de la rivière avec celles de la mer dure jusqu’à ce que celles-ci, prenant le dessus, rétablissent le calme. Il semble que la rapidité des rivières augmente l’impétuosité du flux de la mer. Quand le reflux commence, le combat se renouvelle, comme si la mer résistait par un second flux au mouvement du flux. Est-ce au gisement des côtes qu’il faut attribuer ces phénomènes ? ou ce qu’on nous donne ici pour une singularité n’est-il qu’un ordre constant que la mer suit partout où elle trouve des rivières ? Ces mouvemens sont-ils les mêmes dans le golfe Pengina que sur la côte orientale du Kamtchatka ? C’est ce que l’auteur ne dit pas, et ce qu’il serait peut-être important de savoir.

Au sujet des phoques ou veaux marins, des loutres, des chats et des lions marins, des amours, des combats et des mœurs de tous ces animaux amphibies, les auteurs de la Gazette littéraire font une réflexion très-philosophique. Quand on croit, disent-ils, ces récits fabuleux ou fort exagérés, on en juge sans doute d’après les animaux qui vivent autour de nous. « On ne s’aperçoit pas que ces animaux sont asservis, contraints ou dénaturés. Dispersés par la crainte ou le besoin, l’énergie de leurs facultés est bornée au soin de pourvoir à leur subsistance, de conserver leur espèce, et de se garantir des embûches de l’homme. C’est dans les lieux déserts et inhabités que les animaux