Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/90

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de convenir que ses mémoires sont remplis de recherches curieuses touchant l’origine des Japonais, les richesses de leur pays, la forme de leur gouvernement, la police de leurs villes ; d’avoir débrouillé mieux que personne les différens systèmes de leur religion ; de nous avoir donné des fastes chronologiques de cet empire, des descriptions qui intéressent, une histoire naturelle de ces îles assez exacte, et d’assez bonnes observations pour la géographie. C’est le journal d’un voyageur curieux, habile, sincère, qui pourtant s’est un peu trop fondé sur des traditions populaires. » À ce reproche du père Charlevoix, opposons ce que dit Kœmpfer lui-même des sources où il a puisé.

« Je puis protester, dit-il dans sa préface, que la description et l’idée que je donne des choses, quoique peut-être imparfaite et sans élégance, est exactement conforme à la vérité, sans embellissement, et telle que les choses m’ont paru. Il est vrai que, quant aux affaires secrètes de l’empire, je n’ai pu me procurer des informations amples et détaillées. Depuis l’extirpation de la religion romaine, les marchands hollandais et chinois sont comme emprisonnés. L’empire est fermé à toute espèce de commerce et de communication avec les étrangers, et la réserve des naturels doit être extrême avec ceux qui sont tolérés dans l’empire. Les Japonais qui ont le plus de liaisons avec nous sont obligés, par un serment solennel, de ne pas nous entretenir sur les affaires d’état