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cres, mais on demanda les pistolets, les coutelas, et toutes les autres armes, qui furent mises en lieu de sûreté ; et le lendemain on se fit donner aussi toute la poudre. Kœmpfer avoue que, s’il n’avait été prévenu sur de si bizarres procédés, il aurait été fort alarmé de sa situation ; il ajoute que la vérité l’oblige de remarquer encore qu’à la première vue des côtes du Japon, chacun fut obligé, suivant l’ordre des supérieurs et l’ancien usage, de donner au capitaine son livre de prières et ses autres livres de religion, avec tout l’argent de l’Europe qu’il avait apporté, et que le capitaine, après avoir dressé un état de ce qui appartenait à chaque particulier, mit le tout dans un vieux tonneau, et le cacha aux Japonais jusqu’au départ du vaisseau.

Aussitôt que ces officiers se furent retirés, le comptoir hollandais fit porter à bord toutes sortes de rafraîchissemens, et les directeurs, s’y étant rendus le lendemain, assemblèrent tout équipage pour entendre lire à quelles humiliantes conditions les bâtimens hollandais étaient reçus. Le papier qui contenait ces ordres fut affiché publiquement, suivant l’usage du Japon. Kœmpfer, ayant souhaité de descendre à Desima, fut obligé, comme le plus simple matelot, de prendre un passe-port du vaisseau de garde japonais pour le montrer aux gardes de terre. On n’était pas plus libre de retourner à bord sans un passe-port des gardes de terre, qui devait être montré au vaisseau de garde.