Page:La Révolution surréaliste, n03, 1925.djvu/4

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REVES

Collombet, io ans :

Un squelette vint me dire : Je veux te prendre parce qu’il y a longtemps que tu vis, petit. Je vais prendre une fourche pour t’emporter chez le diable. Arrivés chez le diable il n’y avait, pas assez de place pour moi. Le diable dit : Puisqu’il n’y a pas assez de place, je vais t’avaler. Dans le ventre du diable j’ai vu plein de petits enfants. Mais le diable dit : Je ne peux plus respirer. Et il me dit : Sors de mon ventre, petit monstre. Et maintenant, va-t’en sur la terre. Le squelette revint me dire qu’il fallait que je me réveille.. Mon rêve était fini.

Duval, ii ans:

Une fois j’ai rêvé que j’étais dans ma chambre. Tout à coup mes bottes glissent sur le parquet, montent au mur. Quand ellesfurent tout en haut du mur, je leur cric : Envoyez-moides cartespostales. El quand elles furent montées, tout à coup je vois dans le mur des diables rougesavec de longues oreilles. Jls me bousculaient,ils sautaient sur le lit. 11y en a un qui s’assit sur le fauteuil. Le fauteuil se retourne vers le mur et le diable rougeest porté dans le mur, et les autres dans le parquet:. Le dernier grimpe au mur. Je prends un torchon que je lui jette. Il le prend et s’en va.

Lazare, i 1 ans :

Un jour j’ai rêvé qu’un chien était venu me chercher pour tuer des rats. J’ai pris un sabot et j’ai tapé sur un rat qui fut tué. Alorsle chien a pris le rat et il l’a enterré dans la terre el il mit des fleurs jaunes et des roses fanées et il l’arrosait avec le besoin qu’il avait (l). Max Morise :

J’assiste à un banquet donné en l’honneur du Surréalisme.Le nombreuses tables sont dressées sur une vaste prairie. Un personnagequi joue le rôle d’André Breton, mais qui ressemble à la fois à Nikita Balielï,à Joë Zelh et au violonistechef du célèbre jazz-band espagnoldes « Euscllas », actuellement en tournée à Chamonix, circule parmi les convives et fait: le boniment avec une exubérance toute méridionale. Son discours est continuellement ponctué d’exclamations telles que : «Nous autres Russes... Vous allez voir comment les Russes... A la russe... etc., etc. » Il roule l’R du mot Russe d’une façon menaçante-et prononce Vu : ou. Vers la fin du repas, on distribue des fusils aux assistants et on les enrôle de force pour leur apprendre à faire l’exercice.Maisil y a quelquesrécalcitrants et je vois l’un d’eux entraîner quelques hésitants en élevant de vives protestations ; quelqu’un dit, à côté de moi : « Toujours ce Rigaut, il ne peut donc pas se tenir tranquille. »Cependant le bonimenteur, après avoir expliqué que le fascismesera vaincu par un fascisme plus fort, un fascisme dans la manière « russe », nous présente le fusil d’un modèle nouveau et étonnant qu’on distribue aux troupes : on a supprimé la crosse,comme acessoireinutile, et on l’a remplacée par une seconde baïonnette, perfectionnement dont il est facile de concevoirl’importance. Puis le bonimenteur essaye cette arme en tirant en l’air ; une belle fusée mauve s’élève à quelques mètres et retombe en décrivant une gracieuse parabole, à la grande joie du général et de son état-major. Le général est un personnage ventru en uniforme d’opérette, doué d’un prodigieuxcrâne en carton de forme pointue el: couronnéde quelques cheveux roux. On apporte ensuite un canon qui lance une fusée mauve plus belle que la première.Mais ce n’est rien encore: voici qu’on apporte une superbe pièced’artillerie de taille gigantesqueet de forme mal définie,mais à eouj)sûr bizarre ; le canon en est plusieursfois coudé. Il a pour projectile une sphère transparente et. mauve bien entendu, semblable à une bulle de savon, qui s’élève peu et vient retomber sur ie crâne pointu du général où elle éclate. « Cela vaut mieux qu’un boulet de canon », dit celui-ciavec satisfaction. En passant devant une cage où est enfermé un mouton, le bonimenteur se disculped’une fausse accusationportée contre lui par le général : « W... est crevé, dit-il. Vous croyiez que c’était moi qui l’avais crevé. Eh bien, pas du tout, c’est le mouton. Et:le mouton, save/.-vousqui l’a pris ? Eh bien, c’est le renard Et: le renard ? Eh bien, c’est le lion qui l’a pris. Et le lion ? Eh bien, c’est la nausée. » Pendant ce discours, les personnages du rêve se sont effacésel: j’entends une voix qui conclut : « Parfaitement, parfaitement, acquiesça le général, sans même se demander quel pouvait être cet étrange animal. >.

Antonin Artaud :

C’était un cinématographe aérien.. Du haut d’un aéroplane immuable on cinématographiait l’envol d’une mécanique précise qui savait ce (1)Cestroisrf’vosd’enfiintsnoussontconuminiqtH’s par

M.J. Baucoinont.