Page:La Révolution surréaliste, n07, 1926.djvu/20

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•8 POEMES VIVRE ICI Quand je l’ai vue, je l’ai perdue La trace d’une hermine sur les vitres givrées, Une étoile, à peine une étoile, la lumière, Ses ongles sur le marbre éveillé de la nuit. Je ne parle plus pour personne, Le jour et la nuit se mêlent si bien dans la chevelure, Sous mon regard, sous ses cheveux elle se fane, Etre vertueux, c’est être seul. Inconnue, elle était ma forme préférée, Je n’avais pas le souci d’être un homme, Et, vain, je m’étonne d’avoir eu à subir Mon désir comme un peu de soleil dans l’eau froide. Paul ELUARD INVOCATION A LA MOMIE Ces narines d’os et de peau par où commencent les ténèbres de l’absolu, et la peinture de ces lèvres que tu fermes comme un rideau Et cet or que te glisse en rêve la vie qui te dépouille d’os, et les fleurs de ce regard faux par où tu rejoins la lumière Momie, et ces mains de fuseaux pour te retourner les entrailles, ces mains où l’ombre épouvantable prend la figure d’un oiseau Tout cela dont s’orne la mort comme d’un, rite aléatoire, ce papotage d’ombres, et l’or où nagent tes entrailles noires c’est par là que je te rejoins, par la route calcinée des veines, et ton or est comme ma peine le pire et le plus sûr témoin Antonin ARTAUD. CYCLE Collier sous-marin l’odeur des règnes se propage en ondes de plusieurs couleurs sur plusieurs kilomètres Déchargez l’alcool sur mes mains et la lueur ma tête sera le baril tesson d’intelligence ensanglantant les paumes d’un petit maraudeur venu du ciel nommé Louis et âgé de 14 ans et demi Les requins passent et repassent ils flairent le piège l’horrible piège des maisons des fenêtres à guillotine Les Suicidés des derniers jours avec les Saints des derniers jours pourrissent quelque part là-bas en Amérique où le sel est la gemme plus précieuse que le gel le ciel qui n’est qu’un gel DMéSimbeam