Page:La Révolution surréaliste, n07, 1926.djvu/21

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POEMES >9 Caressez les onyx sur les vagues les dragues de la peur Le cadavre d’un roi remonté d’une fosse dans une lourde armure pourrit tristement Le destin vertébral poursuit sa course fausse malgré les mains les pierres et les achoppements Câblez le filigrane dosez pesez Corde se casse et crie : Où est le puits ? Le puits est un oiseau sans tête un oeuf coché une vitre un soleil un paquebot sur une mer épaisse et lourde comme le sang le sang qui fait tourner les roues quand les chars outrepassent les bornes couronnes de fruits mûrs échafaudés en auréoles Je ne crois pas que la moisson soit fête car un insecte minuscule que je connais fort bien a percé l’un des fruits a longé longuement les moindres couches du pulpe les a rongées délicieusement et s’est logé au fond sans que cela trouble en rien les dragues ni les rois Quand les machines ailées diviseront la hauteur en autant de couches irréversibles qu’il y a de strates en mon cerveau les cerf-volants déclancheronl des arcs-enciel de foudre et les clairons comme des murs tomberont en poudre Si je perdais mes yeux Si de ma poche entrebâillée dans la fissure des nuées sortait un revolver fumant canon solaire les obstacles de neige les poulpes d’herbe pétrifiée décocheraient un cri froid : « Animation concave des nues » Quand les spirales d’angle paralysées par l’absolu s’affaisseront outrés de chair plus creuses que la paille des mottes de terre s’envoleront et les poissons que coagule la profondeur péril d’argile haï des os MARQUES A Marc-Aurèle Lire l’avenir dans le marc de café Livrer ses amis pour un marc d’argent Lisser son oesophage avec du marc ancien Liquéfier un cadavre avec un marc de soude LE FER ET LA’ ROUILLE A Jacques Baron Si je passe l’espace crie et le sabre des minutes aiguise son tranchant d’os sur la meule du temps les chiens d’orage jappent entre les courroies engendreuses d’étincelles et de tournois de lances le sable coule le long des escaliers du sang chaque marche est une ogive portail ouvert à deux battants passent les aigles qui circulent à travers le val vierge des os un squelette rompt la corde Silence Indice des lèvres des lèvres éclatées gui saignent du berceau gonfle l’audace des sortilèges le jeu des bagues’et des fléaux tambour voilé brûlé le soir par le spectre des siècles