Page:La Revue blanche, t12, 1897.djvu/360

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texte à manifestations des haines réactionnaires, dont le Figaro était le distingué, mais acharné protagoniste.

Chaque matin il prêchait la violence et la guerre civile ; il répétait qu’il fallait enlever les canons de la butte, et au besoin sacrifier dix mille gardes nationaux, ces outranciers qui empêchaient la reprise des affaires.

Ces appels furent écoutés, et Thiers et Vinoy firent leur expédition nocturne du 17 au 18 mars. Ce qu’il en advint, on le sait : les gardes nationaux fraternisant avec les soldats, et Vinoy et ses gendarmes obligés de capituler (encore… toujours) et de se sauver.

Ces faits, et les deux mois de lutte du second siège, indiquent assez ce qu’on eût pu faire des 600 000 hommes armés et résolus enfermés dans Paris pendant le premier siège, si un Faidherbe, par exemple, avait gouverné Paris, au lieu d’un Trochu.

Il nous fut donné de lire, le 24 février même, à l’issue de la manifestation de l’assemblée des délégués à la Bastille, une épreuve de l’invocation à Sainte-Geneviève, envoyée à l’Imprimerie nationale par ce soldat catholique et breton, où il proclamait que le dernier espoir pour le salut suprême de Paris et de la France était dans une neuvaine à la patronne de Paris !

Malheureusement le bon à tirer fut refusé par la Défense Nationale, et cette proclamation manque à nos archives.

L’invasion repoussée de Montmartre, et de Paris ensuite, il y eut, pour le Comité central de la Fédération, nécessité de transférer le siège de ses séances de la Corderie à l’Hôtel de Ville.

Ici commence ce grand mouvement, période qui appartient à l’histoire.

Contraint par l’espace et le temps, nous n’ajouterons que les conclusions. Le mouvement du 18 mars a été réellement une explosion de l’esprit révolutionnaire français, parisien surtout, patriote et profondément républicain.

Et ce mouvement a été singulièrement facilité par le Comité central de la garde nationale, qui, du 8 février au 15 mars, avait mobilisé toute la partie valide et républicaine de Paris.

Il est vrai que ce fut un gouvernement comme on en voit peu ; il venait en réunion publique discuter avec ses commettants. Ce n’est pas encore l’anarchie, dans le vrai sens du mot, à coup sûr ; mais cela pourrait la remplacer suffisamment dans l’état actuel des cerveaux.

Il m’est posé d’autres questions sur les causes de dissentiments entre le Comité central et la Commune, comme aussi sur la division en majorité et minorité.

On a beaucoup exagéré l’importance de ces manifestations.

À l’Hôtel de Ville, le Comité central, épris de cette probité politique qui avait tant fait défaut à tant de gouvernements provisoires, résolut aussitôt de faire appel aux électeurs pour la constitution du Conseil de la Commune.

Ce devoir accompli, il put adresser au Peuple ce fier langage