Page:La Saga de Gunnlaug Langue de Serpent, trad. Wagner, 1899.djvu/104

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rester inactifs pendant la lutte. Ce fut également l’avis de Thorkel le Noir, parent de Gunnlaug. Alors Gunnlaug dit aux guides du jarl : « Vous resterez assis à cette place et n’aiderez aucun des deux partis afin de pouvoir rendre compte des péripéties de notre combat. » C’est ce qu’ils firent. Là-dessus la lutte commença et tous se battirent vaillamment. Grim et Olaf se précipitèrent ensemble sur Gunnlaug seul et le combat finit par la mort de tous les deux, tués par Gunnlaug qui ne reçut aucune blessure. Ce fait est attesté par Thord Kolbeinsson[1] dans le chant qu’il a composé sur Gunnlaug Langue de Serpent :

« Avant de s’attaquer à Hrafn, Gunnlaug de son glaive tranchant tua Olaf, courageux dans le tumulte de Göndul, et Grim aussi ; le brave, éclaboussé de sang, se fit le meurtrier de trois hommes intrépides ; le Ull du coursier des flots abattit les guerriers[2]. »

Pendant ce temps, Hrafn et ses hommes se mesuraient avec Thorkel le Noir, parent de Gunnlaug. Thorkel tomba sous les coups de Hrafn et laissa la vie. Finalement, lorsque tous leurs compagnons eurent succombé, les deux adversaires s’attaquèrent eux-mêmes dans un assaut furieux, se lançant avec violence l’un contre l’autre et se portant mutuellement de grands coups. Gunnlaug se servait de l’épée que lui avait donnée Ethelred ; c’était une excellente arme. Au moyen de cette épée il porta finalement à Hrafn un coup tellement vigoureux qu’il lui

  1. Un des principaux représentants de la poésie satirique et diffamatoire. Il vécut au commencement du XIe siècle à la cour du roi de Norvège Eirik Hakonarson. Son nom est cité dans le Skáldatal à la suite de ceux de Gunnlaug, Hrafn et Hallfred.
  2. Le tumulte de Göndul (une Valkyrie) = le combat. Le Ull (un ase) du coursier des flots (du bateau) = l’homme ; ici, Gunnlaug.