Page:La Saga de Gunnlaug Langue de Serpent, trad. Wagner, 1899.djvu/30

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Skald-Hrafn. Les deux strophes que la saga met dans sa bouche seraient les seuls vers que le hasard nous ait conservés de lui, s’il était bien démontré qu’il en est l’auteur.

La figure la plus touchante de notre histoire est, sans contredit, celle de Helga la Belle. Sur les tableaux d’une vie toute remplie d’aventures, l’image de Helga jette un reflet calme et gracieux. Ce n’est pas seulement par sa beauté, mais aussi par ses grands et nobles sentiments qu’elle éclipse tout ce monde bruyant qui s’agite autour d’elle. Cette fidélité à toute épreuve, dont elle donne l’exemple au milieu des plus étranges contrariétés, cette délicatesse de caractère, rare même chez les personnes de son sexe en un temps où la violence était dans les mœurs, sollicitent la sympathie et provoquent l’admiration, en même temps que la fatalité inexorable qui s’acharne sur elle répand sur ses traits de jeune fille un voile de tristesse et de mélancolie. Victime d’une malheureuse destinée, elle excite la compassion, et sa simple mais forte résignation est pour le lecteur une source d’émotions douces à la fois et profondes. Helga appartient, comme Gunnlaug et Hrafn, à une des familles les plus considérées de la vieille Islande. Le fameux poète Egil Skallagrimsson était son grand-père. La plupart de ses ancêtres, et son frère lui-même, ont composé d’excellents chants. Elle était apparentée à Olaf pá de Hjardarholt, le héros de la Laxdoela saga. Il régnait au sein de cette famille comme un souffle poétique qui se communiquait à tous ses membres ; il s’y était développé un idéal qui l’élevait au-dessus des vulgarités de la vie habituelle. Faut-il s’étonner alors de la noblesse de sentiments et de la douceur de caractère qui se reflètent dans les actes et les pensées de notre modeste héroïne !

Tout comme les personnages qui entrent en