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— Giovanni ! Giovanni ! écoute-moi : c’est ta Cécilia qui te parle ! Et la jeune fille, emportée par un sentiment bien naturel, approcha sa figure des traits glacés de son ami. La douce chaleur de son haleine ranima Giovanni.

— Le voilà qui revient ! Parle-nous donc vite ; ne nous fais pas souffrir ! disait l’impétueuse jeune fille. Ô mon Dieu ! frère Ambroise, c’est vous qui l’avez tué : dites-lui qu’il ne partira pas, qu’il restera avec nous ; car je suis persuadée que c’est l’émotion qui l’a surpris. Entends-tu, Giovanni ? tu ne me quitteras plus.

— Calmez-vous, ma fille, ne vous chagrinez en rien. Et toi, mon fils, est-ce là du courage ? Tomber en faiblesse comme une femme, n’avoir pas la fermeté de soutenir une épreuve !

Frère Ambroise, en adressant ces reproches à Giovanni, savait que c’était le seul moyen de le rendre à son état naturel.

— Mon père, pardonnez-moi, reprit ce dernier d’une voix faible et troublée ; mais aujourd’hui tant d’émotions m’ont accablé ; je revenais l’âme remplie de souvenirs et de pressentiments ; j’avais besoin de repos. Mon père, des choses merveilleuses se sont opérées ; j’ai besoin d’être seul avec vous, pour tout vous dire. La surprise de ce départ, les circonstances qui l’ont préparé ! et puis cette vision ! Vous semblez douter de ce que je vous dis, mais c’est pourtant bien vrai : là, tout à l’heure, quand mes esprits affaiblis ne distinguaient plus rien de la terre, une belle dame m’est apparue ; elle m’a regardé avec douceur, et ses yeux se sont arrêtés avec tristesse sur moi. Tu sembles surprise, Cécilia ! Elle ressemblait à la princesse Maria, à ta bonne tante, et lorsqu’elle a disparu elle m’a appelé son fils !…

Ludovic, Ninetta et frère Ambroise semblaient douter de