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NOTICE

gner. Ces espérances n’étaient pas vaines. Arrivé à Paris au mois de juin 1804, il occupa, dès le mois de juillet, un emploi dans l’administration forestière.

L’année suivante, son nom figure parmi ceux des membres de l’Académie celtique, réunion qui se rattache trop aux généralités de notre sujet pour ne pas obtenir ici une mention. D’ailleurs, quels qu’aient été ses travaux, elle a produit la Grammaire celto-bretonne.

L’Académie celtique s’ouvrit le 9 germinal an xiii, avec tout l’enthousiasme que ses fondateurs conservaient de leurs relations avec Le Brigant et La Tour-d’Auvergne. L’auteur du Voyage dans le Finistère, Cambry, présida la première séance. Le savant M. Eloi Jolianneau, qui avait conçu le projet de l’Académie, exposa le but de ses recherches, toutes dirigées vers les antiquités des Celtes, des Gaulois et des Francs. Cette pensée fut rendue allégoriquement dans le jeton de présence : un génie, tenant un flambeau d’une main, soulève de l’autre le voile d’une belle femme (la Gaule), assise auprès d’un dôl-men et d’un coq. Réveillée par le génie, cette femme lui présente un rouleau sur lequel on lit ces mots celtiques : Iez a kiziou Gall (Idiomes et usages des Gaulois). Dans le lointain, une tombelle druidique surmontée d’un arbre, et pour légende : Sermonem majorum moresque requirit. Le revers portait une couronne formée d’une branche de gui et de chêne, avec cette inscription : Académie celtique fondée an xiii.

Autour de la couronne : Gloriæ majorum.

N’omettons pas cette proposition de Mangourit. Rappelant l’ordre du jour du général Dessoles, qui conservait le nom de La-Tour-d’ Auvergne à la tête de la quarante-sixième demi-brigade où il avait été tué, Mangourit fit adopter par l’Académie celtique les propositions suivantes :

1o Le nom de La-Tour-d’Auvergne est placé à la tête des membres de l’Académie celtique ;

2o Lors des appels, son nom sera appelé le premier ;

3o Le général Dessoles, qui fit signer l’ordre du jour de l’armée après le trépas de La Tour-d’Auvergne, est nommé membre régnicole de l’Académie.

Une grande ardeur animait donc les membres de cette assemblée. Par malheur, la langue celtique, qui eût dû être le flambeau de leurs études, fut presque négligée, ou traitée avec une demi-science et des prétentions si folles chez quelques-uns, quelle excita l’opposition de la majorité. Ceux-ci, au lieu d’examiner, en vinrent à nier l’antiquité de la langue bretonne : — méconnaissant que tous les mots donnés comme celtiques par les auteurs latins ou grecs sont conservés avec leur sens originel dans la Bretagne-Armorique ; ainsi des noms de lieux et d’hommes qui se retrouvent en Écosse, en Irlande, en Galles, et dans la Cornouailles insidaire. À défaut de textes bretons (puisque le Buhez Santez Nonn, ce précieux manuscrit, n’était pas imprimé), les textes gallois existaient, et ces textes sont reconnus des vrais savants comme très-anciens, très-purs, très-authentiques ; enfin la curieuse et originale syntaxe de la grammaire publiée par Le Gonidec était à étudier.

La Grammaire celto-bretonne parut en l’année 1807. L’auteur s’exprimait ainsi dans sa première préface : « Il existait trois grammaires celtiques avant ce jour : la Grammaire bretonne-galloise de Jean Davies, imprimée à Londres eu 1621 ; la Grammaire bretonne du P. Maunoir, qui a paru dans le même siècle ; et enfin celle du P. Grégoire de Rostrenen, capucin, imprimée pour la première fois vers le milieu du dernier siècle, et réimprimée à Brest en 1795. La première m’aurait été d’une grande utilité si j’avais eu le bonheur de la connaître plus tôt ; la seconde est