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NOTICE
xviij

Gonidec de le voir de bien près. Admis chaque jour, comme secrétaire de l’inspecteur général, dans le cabinet de l’empereur, il emporta de son génie une vive admiration. Mais ce sentiment a ses réserves et n’engage pas : il convenait seul devant Bonaparte à un libre compatriote de La-Tour-d’Auvergne et de Chateaubriand.

En 1812, il porte à Hambourg le titre de chef de l’administration forestière au-delà du Rhin. Dans cette place élevée, où tant d’autres eussent trouvé la fortune, il ne prouva, lui, que son désintéressement. Bien plus, son père venant a mourir insolvable, il contracta des dettes pour payer celles de ce père qui, dès l’enfance, l’avait abandonné. Arrivent les désastres de Moscou. Les Français évacuent Hambourg ; le dernier à quitter son poste. Le Gonidec y perd ses meubles, ses livres. ses manuscrits. En vain espère-t-il dans l’ancienne dynastie, qu’il avait autrefois servie vaillamment, la perte de son brevet d’officier annuité tous ses services militaires. Une réduction s’opère même dans son administration, et tour-à-tour le conduit à Nantes, à Moulins, à Angoulême ; et toujours avec un grade et des appointements inférieurs. Ici l’étude revient le consoler.

Le Dictionnaire breton-français est de 1821. On peut le regarder comme un chef-d’œuvre de méthode. C’est un triage complet des précédents vocabulaires et glossaires exécuté avec la critique la plus prudente et la plus sûre. Un supplément. encore inédit, augmenterait de beaucoup ce dépôt déjà si riche.

Le Dictionnaire français-breton a été exécuté selon le même plan et les mêmes principes. On attend son impression. Le Gonidec l’entreprit pour s’aider lui-même dans les textes bretons qu’il projetait.

Son premier essai de traduction fut d’après le Catéchisme historique de Fleury[1]. De tous ses écrits, celui-ci est le plus simple de style. Il serait aisément devenu populaire si l’auteur eût mieux su le répandre ; mais faire de beaux livres fut toute sa science.

Le pays de Galles (que les étrangers s’instruisent par ce seul fait des rapports des deux peuples) enleva presque tout entière l’édition du Nouveau-Testament[2]. Ce livre, le plus beau de notre langue, parut en 1827. Aussitôt, la Société biblique demanda l’Ancien-Testament[3]. Pour ce travail, il fallait au traducteur le Dictionnaire latin-gallois de Davies, introuvable à Paris, et fort rare en Galles. Un appel se fit pourtant dans ce pays à la religion et à la fraternité mutuelle ; appel bien entendu, puisque, peu de temps après, le révérend Price portait lui-même en France, avec une courtoisie parfaite, le précieux dictionnaire. Dans cette entrevue, Le Gonidec, très-attaché d’esprit et de cœur au dogme catholique, arrêta que l’Ancien Testament, comme déjà le Nouveau, serait littéralement traduit d’après le latin de la Vulgate. Le manuscrit est en Galles ; une copie très-exacte est restée à Pans entre les mains du fils aîné de l’auteur, l’abbé Le Gonidec.

Les Visites au Saint-Sacrement, de Ligori[4], ouvrage pour lequel il avait une prédilection particulière, et enfin l’Imitation[5] qu’il terminait avec un grand soin quand la mort l’est venu surprendre, complètent la liste de ses traductions bretonnes. Toutes sont en dialecte de Léon. On se demande de rechef si ces trésors de science et d’atticisme celtique disparaîtront avec celui qui les amassa, et seront comme ensevelis dans sa tombe ? — Mais épuisons les faits.

  1. Katékïz historik.
  2. Testamant Névez.
  3. Testamant Kôz.
  4. Guieiadenneu pé Bizitou d’ar Sakramant.
  5. Heùl pé Imitation Jésus-Krist.