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fin de roman

était complet. Désemparé, M. Petipas saisit son caleçon, le mit maladroitement, ouvrit la porte de la chambre, enfila le corridor, descendit l’escalier à la course et ouvrit la porte de la maison, regardant à droite et à gauche dans la rue pour voir s’il n’apercevrait pas sa compagne de hasard. Personne. La voleuse était disparue, s’était perdue dans l’immense ville. Éperdu devant la calamité qui fondait sur lui, l’infortuné M. Petipas appela le patron.

— Boss ! boss ! criait-il.

On ne répondait pas. Dans cette baraque, sur ces pauvres lits, tout le monde dormait.

— Boss ! boss ! clamait-il.

Enfin, une voix venant on ne sait d’où demanda :

— Qu’est-ce qu’il y a ? Le feu est-il à la maison ? Et un homme enveloppé d’une vieille robe de chambre sale parut, la figure encore appesantie par le sommeil.

— Qu’est-ce qu’il y a donc ? Qu’avez-vous à crier comme cela, à ameuter tous les gens ?

— On m’a volé ma montre, mon argent et mon pantalon, répondit M. Petipas.

— Qui vous a volé ? demanda le patron.

— La femme qui était avec moi. Pendant que je dormais, elle s’est enfuie avec ma culotte, six cent quatre piastres qui étaient dans ma poche et ma montre en plus.

— Vous la connaissez, cette femme ?

— Non. Je la voyais pour la première fois. Elle a fait un riche butin et elle s’est sauvée avec. Votre porte n’était pas fermée à clé, alors, elle est sortie comme de chez elle. C’est incompréhensible de laisser une maison non cadenassée.

— Mon ami, je loue des chambres. Les gens qui viennent ici me paient en entrant et ils sont libres de partir