Page:Labiche, Delacour, Choler - Les Chemins de fer, 1867.djvu/78

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JULES, entrant, vêtu en vieux, un rond de voyage et une bouteille de pharmacie à la main, d’une voix cassée, il vient du deuxième plan, à droite.

Monsieur l’employé… une place, s’il vous plaît.

GINGINET, à part.

Un vieillard !… Si je pouvais… (À Jules.) Monsieur cherche une place ?

JULES.

Pour Strasbourg… Je me suis décidé à entreprendre ce voyage… (Il est pris d’une quinte de toux.)

GINGINET, à part, hésitant.

Mâtin ! un catarrhe ! Après ça, ça fera peut-être taire l’enfant… (Haut.) Le train va partir… Si vous voulez monter…

JULES, regardant dans le wagon.

Il me semble qu’il y a déjà bien du monde…

GINGINET.

Ma famille ! C’est un wagon de famille !… Vous prendrez mon coin… en face de ma femme…

JULES.

Je crains vraiment d’abuser… (Il tousse.)

GINGINET, lui prenant son rond.

Donnez-moi votre petit meuble.

JULES, lui remettant sa bouteille.

Ça, c’est ma potion… Quand je tousse, ça me calme.

GINGINET.

Soyez tranquille, nous aurons soin de vous. (Il passe la bouteille et le rond dans le wagon.)

JULES, au public, voix naturelle.

Quand je disais qu’il me dorloterait… Travaille-t-il assez !

GINGINET, l’aidant à monter.

Maintenant… appuyez-vous sur mon bras.