Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 02.djvu/220

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BLANDINET.

Alors, il est en retard, ton bâtiment.

AUBERTIN.

Si ce n’était que ça !… J’ai été avisé, il y a deux mois, qu’il avait réussi à forcer le blocus… mais peut-être a-t-il été rencontré en mer par les croisières américaines.

BLANDINET.

Ah ! diable !

AUBERTIN.

Un navire magnifique… tout chargé de coton… et aujourd’hui, le coton… c’est de l’or !…

BLANDINET.

Tu es assuré ?

AUBERTIN.

Mais non ! aucune compagnie n’a voulu me garantir les risques de guerre… Comptant vendre ma cargaison, j’ai pris des engagements… J’ai une échéance très-lourde… et si après-demain, à midi, je n’ai pas réalisé une somme… que je n’ai pas, je serai peut-être forcé de suspendre mes payements.

BLANDINET.

Oh ! mon Dieu, mon pauvre ami !… et combien… combien te faut-il ?

AUBERTIN.

Il me fallait une somme énorme…

BLANDINET.

Énorme ?

AUBERTIN.

J’ai fait flèche de tout bois… et il me manque encore cinquante mille francs !