Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 02.djvu/230

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sera venu te faire une histoire bien bête, bien épaisse… un quartier de mélodrame… tout cru !… et tu l’as avalé comme une tasse de lait ! imbécile, va !

BLANDINET.

Ah ! mais !

FRANÇOIS.

Oui, imbécile ! Tu crois tout ! tu gobes tout ! tu te laisses gruger par un tas de mendiants !

BLANDINET.

Je ne me laisse gruger par personne… et, quand il le faut, je suis aussi ferme que toi… ce matin encore, j’ai secoué un locataire !..

FRANÇOIS.

Oui, comme tu secouais les ouvriers, quand nous étions associés à Elbeuf.

BLANDINET.

Eh bien, mais… il me semble que…

FRANÇOIS.

J’avais placé sous ta surveillance l’atelier des enfants… comme étant le plus facile à conduire…

BLANDINET.

Eh ! qu’est-ce que tu veux ! ça m’attristait de voir ces pauvres petits travailler dix heures par jour à dévider des bobines…

FRANÇOIS.

Et alors, tu leur disais : « Reposez-vous, mes enfants ne travaillez pas tant !… la santé avant tout ! »

BLANDINET.

C’est possible !… mais je savais me faire écouter !