Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 02.djvu/291

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BLANDINET, à part.

Si je l’avais su !

AUBERTIN.

Mais, vois-tu, Blandinet… non, Edmond ! (Ils se serrent la main.) mon vieil Edmond !

BLANDINET, gêné.

Gustave ! mon vieux Gustave !

AUBERTIN.

Les revers de fortune nous éprouvent quelquefois bien cruellement… mais ils ont un bon côté… c’est de nous faire connaître nos vrais amis…

Il tient sa lettre de la main droite qu’il pose sur l’épaule droite de Blandinet.
BLANDINET, étendant la main.

Oui… ma lettre !

AUBERTIN, retire sa main et la pose sur l’autre épaule.

Aussi, jamais… jamais, entends-tu, je n’oublierai ce que tu as fait pour moi !

BLANDINET, même jeu.

Ne parlons pas de ça !

AUBERTIN.

Et nos enfants ! nos chers enfants ! vont-ils être heureux ! Hier, Léonce m’a demandé la main de ma fille…

BLANDINET.

Oui… je sais…

AUBERTIN.

Mais tu comprends que, dans la position où je me trouvais… mon navire perdu… j’étais ruiné ! je n’ai pu lui répondre qu’une chose : « Attends, mon ami… fais comme moi… espère !  »