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De son côté, Charles Gide constate que si la terre n’est pas le seul objet de propriété subissant la plus-value, on doit reconnaître que cette plus-value de la terre est tout à fait particulière. « La terre, écrit-il, est la seule richesse qui soit perpétuelle et nous n’entendons pas seulement parler de la perpétuité de la terre, en tant que matière, mais de sa perpétuité en tant qu’utilité. » Toutes les richesses ne durent qu’un temps ; leur matière se ruine ou leur utilité s’évanouit. Les maisons s’écroulent, mais auparavant leurs appartements sont démodés, inutilisables. La mode, pas plus que le temps, n’a de prise sur la terre. Sans doute la propriété foncière n’est pas entièrement à l’abri du risque. On a vu dans le Midi, à la suite du phylloxera, le prix des terres baisser de moitié. La crise passa et la valeur des terres reprit sa marche ascendante : ces mêmes terres ont connu depuis des prix qu’elles n’avaient jamais atteint. « C’est une question de temps et de patience, conclut Charles Gide. Même les terres où furent Carthage et Babylone, et qui depuis des siècles sont restées en friche, rentreront un jour, demain peut-être, dans le domaine de la spéculation et de la production… Il n’est aucune richesse dont on puisse dire autant. »

C’est cette perpétuité de la valeur utile de la terre qui fait de l’éternité de sa possession

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