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un privilège injustifiable, une monstrueuse iniquité. Toutes les révolutions du passé, nous l’avons vu, et Aristote nous l’avait prédit, toutes les menaces de l’avenir n’ont pas d’autre cause. C’est pourquoi l’intérêt de tous, et des propriétaires eux-mêmes, premières victimes des révolutions, est que soit créé sans tarder un nouveau droit de propriété qui répare la grande erreur de la loi romaine.

Pour cela, il n’est qu’un moyen, mais souverain, c’est de limiter le droit de propriété. Une longue teneur sauvegardera à la fois le côté individuel et le côté social par le retour de la terre à la nation, à l’expiration de la concession.

« Pour l’homme dont la vie est si courte, écrit Laveleye, une teneur de quatre-vingt-dix ans équivaut à la possession perpétuelle ; pour la nation, rentrer en possession du sol, c’est le salut de l’avenir. »

Le mode de réalisation est fort simple : il suffit d’assimiler la propriété foncière à la propriété littéraire. La propriété perpétuelle serait remplacée par une concession viagère, à laquelle s’ajouterait, en faveur des héritiers, une jouissance de cinquante ans après la mort. Puisqu’une concession variant de soixante-dix à quatre-vingt-dix-neuf ans permet d’amortir les centaines de millions engagés dans les grandes entreprises de chemins de fer, de canaux, de grands ports, etc., tout propriétaire foncier

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