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vage représentait la perte des capitaux énormes engagés dans la constitution de ces troupeaux humains.

De 1861 à 1865 cette guerre coûta à la nation américaine 600.000 hommes et quinze milliards de dollars. Le Sud vaincu et l’esclavage aboli, les planteurs constatèrent avec stupéfaction que cette propriété des esclaves, à laquelle ils attachaient naguère une si grande valeur que, pour la défendre, ils avaient entrepris une guerre longue et coûteuse, n’était qu’une pure illusion.

Qu’y avait-il en effet de changé dans ces plantations d’après la guerre, où les anciens esclaves étaient revenus s’embaucher comme ouvriers agricoles, avec cette différence toutefois que les meilleurs seuls étaient restés, les autres, les paresseux, les imperfectibles ou simplement les sages, s’étant fait rapatrier en Afrique ? Sans doute le prix du salaire était légèrement supérieur à ce que le planteur dépensait naguère pour nourrir et soigner ce cheptel humain ; du moins, il obtenait de sa nouvelle main-d’œuvre un rendement bien meilleur, où se retrouvait toute la supériorité du travail libre sur la production forcée, et tel qu’il amena rapidement les États du Sud à une prospérité inconnue jusque-là.

Si bien que l’abolition de cette propriété, au lieu de ruiner ses bénéficiaires, les sauva de la misère où le mauvais état des cultures les préci-

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