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Les chambres de commerce, effrayées des charges croissantes dont on accable le commerce et l’industrie, ont dénoncé les plus scandaleux de ces privilèges fiscaux et une campagne énergique est menée actuellement. Elle oppose citadins et ruraux et s’élève contre la violation du principe de l’égalité de tous les citoyens devant l’impôt. De fait cette inégalité est flagrante. Les chiffres sont éloquents. Qu’on en juge :

Jusqu’au 30 septembre 1921 le montant des impôts payés par les agriculteurs sur leurs bénéfices s’élève à moins de 11 millions de francs. Pour les salariés, les impôts sur les traitements et salaires atteignent 143 millions. Pour les industriels et commerçants l’ensemble des impôts, taxes et patentes dépasse 4 milliards et demi. Ainsi, quand les agriculteurs paient 1, les salariés paient 14, les industriels et commerçants 450. C’est dire que les agriculteurs, qui représentent près de la moitié de la nation, jouissent, dans la nouvelle législation fiscale, d’une immunité presque absolue. Quand récemment le ministre des finances a proposé de doubler la taxe sur le chiffre d’affaires il a, pour attirer à son projet l’appui des députés des campagnes, annoncé qu’il maintenait en faveur des agriculteurs l’exonération de cette taxe, et cela malgré les bénéfices considérables réalisés par eux depuis plusieurs années. L’agri-

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