Page:Laffitte - Le grand malaise des sociétés modernes et son unique remède.djvu/78

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mitances est très longue et s’explique par les publications nombreuses qui suivent pas à pas l’avancement des sciences et révèlent à tout moment l’état des recherches savantes dans le monde entier.

Mais pour si grande que soit la part de la collectivité dans la création littéraire ou scientifique, l’apport individuel de l’écrivain ou du savant n’y est pas moindre que la contribution personnelle du propriétaire foncier à la valorisation de sa terre. En d’autres mots, la propriété d’un auteur sur son œuvre, de Voltaire sur Candide ou de Flaubert sur Madame Bovary, paraît aussi indiscutable que celle de M. Dupont sur sa maison de ville ou son domaine des champs. Car tout de même, Voltaire ou Flaubert, est-il insensé de supposer que, s’ils ne fussent pas nés, leur œuvre n’eût pas été écrite ? Et dès lors, si l’on admet que, sans eux, leur œuvre n’eût pas vu le jour, il faut bien en conclure qu’elle a un caractère individuel plus marqué que les terrains de M. Dupont, qui étaient là avant sa naissance et qui n’ont changé qu’en ceci que sa maison de ville vaut beaucoup plus qu’au temps où il y vint au monde et que son domaine des champs a vu sa valeur croître sans cesse depuis le jour où le chemin de fer s’arrêta non loin de son portail.

Par suite de quelle aberration la propriété dans laquelle la part de la collectivité est la plus

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