Page:Laforgue - Moralités légendaires.djvu/128

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pareille à quelque coléoptère au corselet de tôle fourbie.

Et on leur dénombrait les îles, archipel de cloîtres de nature, chacune avec sa caste, etc.

On redescendit par une salle des Parfums où l’Arbitre des Élégances marqua dans les présents que leurs altesses voudraient bien emporter, et ceux-ci comme tripotages occultes de Salomé : des fards sans carbonate de plomb, des poudres sans céruse ni bismuth, des régénérateurs sans cantharide, des eaux lustrales sans protochlorure de mercure, des épilatoires sans sulfure d’arsenic, des laits sans sublimé corrosif ni oxyde de plomb hydraté, des teintures vraiment végétales sans nitrate d’argent, hyposulfite de soude, sulfate de cuivre, sulfure de sodium, cyanure de potassium, acétate de plomb (est-ce possible !) et deux dames-jeannes d’essences-bouquets de printemps et d’automne.

Au bout d’un couloir humide, interminable, sentant presque le guet-apens, l’Ordonnateur ouvrit une porte verdie de mousses et de fongosités dignes d’écrins, et l’on se surprit en plein dans le grand silence de ce fameux parc suspendu — ah ! juste à temps pour voir disparaître au détour d’un sentier le frou-frou d’une jeune forme hermétiquement emmousselinée d’arachnéenne jonquille à pois noirs, escortée de molosses et de lévriers dont les abois gambadeurs, et tout sanglotants de fidélité, allèrent se perdant en lointains échos.

Oh ! toute en échos de corridors inconnus, cette solitude kilométriquement profonde d’un vert sévère, arrosée de taches de lumières, meublée uniquement de l’armée des