Page:Lagardelle - Le Mouvement socialiste Revue mensuelle internationale S1 1908.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
166
le mouvement socialiste.

demande, qu’en affirmant qu’après tout « c’était l’argent soutiré aux travailleurs qui leur faisait retour », « qu’il pourrait être employé utilement à la propagande »,  etc.,  etc. Et de fait, quelques tournées dans les Bourses pour « expliquer et commenter le fonctionnement de l’Office » furent organisées.

Cependant, du jour où le gouvernement crut ne plus avoir besoin de l’Office de statistique et de placement pour éloigner de Paris les sans-travail, la subvention devint plus difficile à obtenir. Les chefs de l’Office du travail, dépendant du ministère du commerce, parfaitement renseignés par le même membre du Conseil supérieur du travail, se mirent à exiger la justification détaillée des dépenses. Petit à petit, la subvention fut réduite, et l’argent, dont l’origine importait peu à certains camarades, et qui devait servir à la « propagande », ne fut plus versé.

Furent seuls touchés, après force démarches, les fonds dépensés pour l’impression et l’expédition des feuilles dont nous avons parlé plus haut ; la dernière année, il fallut toute l’habileté du trésorier pour arriver à faire solder, sur la subvention de 10 000 francs, les 3 000 et quelques cents francs dus de ce fait à l’imprimeur.

Puis vint le moment — dans le budget de 1906 — oui les 10 000 francs[1] de l’Office de statistique et de placement furent incorporés à une autre subvention, de 100 000 francs celle-là, pour venir en aide aux organisations ayant dans leur sein « une caisse de chômage ».

À partir de ce jour, la Fédération des Bourses du Travail, devenue depuis le Congrès de Montpellier, comme on sait, l’une des sections de la Confédération, cessa complètement de s’alimenter de la manne gouvernementale.

Peut-être me suis-je un peu trop étendu sur « l’histoire » de cette subvention. Mais elle méritait d’être rappelée, car elle explique au moins en partie la difficulté qu’il y avait de créer dans les Bourses du Travail un courant favorable à l’indépendance absolue. L’exemple venait du centre, — sinon de l’organisation qui les réunissait toutes, du moins d’un organisme qui en dépendait.


iii

Aujourd’hui, parla force même des choses, le péril est conjuré. Bien mieux : bourgeois démocrates et gouvernants essaient, par des retraits brusques de la pâtée subvenlionniste, de porter atteinte

  1. Il serait curieux de connaître la destination des sommes votées par le Parlement pour l’Office de statistique et de placement mais non