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CICÉRON.

dans ce livre, le comblait de gloire ; il allait jusqu’à déclarer que « celui qui, comme Cicéron, élargissait par son génie les frontières de l’esprit humain, était supérieur à celui qui, comme César, élargissait seulement les frontières naturelles de l’empire. »

Il écrivit ensuite des méditations philosophiques et des dialogues dans lesquels il naturalisait chez les Romains tous les dogmes de l’antiquité asiatique, égyptienne, grecque, exposant comme un rapporteur impartial tout ce que les sages de tous les siècles et de tous les pays ont pensé de plus sensé ou de plus beau pour ou contre la question éternellement controversée de la divinité de l’âme et du monde, en se prononçant à la fin lui-même pour ce qui lui semble le plus vraisemblable, le plus beau et le plus honnête.

Les débuts et les intermèdes de ces méditations philosophiques, sous des titres divers, sont pleins de familiarités et de confidences de cœur, comme les délassements de la campagne et les libertés de l’entretien ; on y sent l’homme descendu des affaires publiques, triste de l’abaissement de son pays, conservant quelque vague espérance de la renaissance des lois, des mœurs, de la liberté, mais détournant ses regards de Rome, pour s’abîmer tout entier dans l’ombre de ses bois, dans la contemplation de la nature et dans l’étude des choses éternelles. Ses interlocuteurs de prédilection sont en même temps ses amis les plus intimes et les plus illustres : Varron, poëte et historien ; Brutus, philosophe austère et élégant, disciple de Platon et de Caton, ami de César, dont on croyait qu’il était le fils, à cause de sa mère Servilie, autrefois aimée du dictateur ; Hortensius, rival et ami de Cicéron, le plus grand des orateurs après lui ; et quelques autres Romains, élite du siècle.

La scène est ordinairement sur le sable de la plage re-