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CICÉRON.

tentissante de la mer de Baïa, ou sous les figuiers entrelacés de pampres de vigne grimpante de la côte de Cumes, ou sur la terrasse ombragée d’orangers de la villa de Cicéron, près de Gaète, où l’on cherche encore la trace de ses pas et de ceux de ses amis sur les mosaïques de ses bains, ou enfin sous les chênes verts de sa maison rustique de Tusculum, au bruit et à la fraîcheur des eaux qui descendent des montagnes de Tibur. Il commence comme une vague et nonchalante hésitation d’entretien qui cherche sa route, puis il devient grave avec le sujet, et s’élève la fin jusqu’à l’élan et jusqu’à l’enthousiasme de la lyre. Nous regrettons que les bornes de nos pages ne nous permettent pas d’en traduire quelques fragments pour nos lecteurs. Ils rappellent le calme et la solennité des dialogues de Platon, qui font faire silence à l’âme avant de lui parler des dieux. Cicéron, dans plusieurs passages qui paraîtraient hardis aujourd’hui, ne craint pas de déplorer la perte de la république, et d’y porter le deuil de la liberté et de la dignité de Rome. « Dans la nécessité où je suis, dit-il, de renoncer aux affaires publiques, je n’ai pas d’autre moyen de me rendre utile que d’écrire pour éclairer et consoler les Romains ; je me flatte qu’on me saura gré de ce qu’après avoir vu tomber le gouvernement de ma patrie au pouvoir d’un seul, je ne me suis ni dérobé lâchement au public ni livré sans réserve à ceux qui possèdent l’autorité. Mes écrits ont remplacé mes harangues au sénat et au peuple, et j’ai substitué les méditations de la philosophie aux délibérations de la politique et aux soins de la patrie. »

Les deux plus importants de ces livres sont ses Recherches sur l’existence et la nature des dieux, et son livre intitulé de la République. Dans le premier il s’élève par tous les degrés de la pensée de tous les pays, de tous les âges, et à travers toutes les ténèbres et tous les fantômes des superstitions humaines, jusqu’à la notion d’un Dieu unique,