Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 34.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
200
CÉSAR.

Catilina, par l’espionnage des députés allobroges qui s’étaient perfidement chargés de les porter en rentrant en Savoie, Cicéron envoie ses licteurs arrêter dans leur maison Lentulus, Céthégus, Statilius, Gabinus et quelques autres chefs de l’opinion populaire, partisans de la loi agraire et de l’abolition des dettes ; il convoque, comme pour un péril public, le sénat dans le temple de la Concorde, lit les lettres et demande l’emprisonnement des suspects. Le sénat les place sous la garde des citoyens, en instruit sommairement la cause en séance. Quelques témoins prononcent le nom de Crassus parmi les noms des complices, d’autres murmurent celui de César. Mais ces accusés étaient trop grands, trop accrédités, trop redoutables pour qu’on pût élever l’accusation jusqu’à eux ; on ne voulait que des coupables faciles à convaincre, à dépopulariser et à perdre. On met Crassus, à l’unanimité, hors de cause ; on aime mieux déclarer son délateur faux témoin que s’attaquer si haut. Quant à César, disent les contemporains initiés aux secrets de la politique du jour, ni Catulus ni Pison, ses ennemis, ni sollicitations, ni corruptions, ne purent décider Cicéron à porter son accusation jusqu’à lui : il craignait, disent-ils, de le pousser ainsi à prendre en main la cause trop retentissante alors des accusés et de soulever des orages dans la république.

Mais le bruit des intelligences de César avec les conjurés était si public et si général, qu’il fut insulté et menacé dans le vestibule du sénat par les chevaliers romains de garde au temple de la Concorde, et que ses collègues furent obligés de se jeter entre lui et les chevaliers pour prévenir des violences et peut-être sa mort.

Les accusés déjà déclarés traîtres à la patrie dans une première séance, Cicéron demanda dans une seconde séance qu’on délibérât sur la peine. La mort fut demandée par Silanus, consul désigné, qui, à ce titre,