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CÉSAR.

des otages, si les Édues, leurs alliés, et les Allobroges reçoivent réparation des dommages soufferts, je consens à faire la paix.

» — Les Helvètes, repartit froidement Divicon, ont appris de leurs pères à recevoir et non pas à donner des otages ; le peuple romain en porterait témoignage au besoin. »

Les négociations furent rompues, et la horde reprit sa marche, suivie de l’armée de César. Après quelque temps d’escarmouches, les Helvètes, profitant d’une diversion de César à Bibracte (Autun), où il était allé s’approvisionner, firent volte-face et assaillirent l’armée romaine.

Pour soutenir ce premier choc, César jeta en avant toute sa cavalerie, pendant qu’il ordonnait son infanterie sur une hauteur. Dans ce moment, on lui présenta son cheval, mais il le renvoya : « Qu’on me l’amène après la victoire, quand il faudra poursuivre, dit-il ; maintenant, il s’agit d’attendre de pied ferme. » À ce mot d’ordre, tous les officiers romains renvoyèrent, comme lui, leurs chevaux.

Les Romains, postés sur une colline, repoussèrent l’attaque des Helvètes avec avantage ; mais, quand ils voulurent prendre l’offensive et poursuivre leurs ennemis, ils furent chargés en flanc par la réserve de l’armée helvétienne.

La lutte recommença avec acharnement et dura longtemps dans les ténèbres, jusqu’à ce que les Helvètes, rompus une seconde fois, se retirèrent vers leurs chariots et leur bagage. « Depuis le milieu du jour que le combat avait commencé, aucun Romain, dit César, ne pouvait dire qu’un Gaulois eût tourné le dos. » Autour des campements de la horde, la bataille se prolongea, et là, non-seulement les hommes, mais les femmes et les enfants, du haut des chariots, de dessous les chariots, à travers les roues, de toutes parts enfin, firent pleuvoir une grêle de traits qui arrê-