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CÉSAR.

tèrent longtemps les Romains. Enfin l’enceinte de chariots qui fermait leur camp fut forcée avec un horrible carnage.

Les débris de la nation helvétienne se mirent en marche, la même nuit, dans la direction du nord, et, après avoir marché sans faire halte, arrivèrent le quatrième jour sur le territoire des Lingons (pays de Langres). César les rejoignit vers Dijon. Hors d’état de livrer une seconde bataille, ils subirent les conditions du vainqueur et retournèrent dans leur patrie après avoir livré leurs otages et leurs armes. César voulait empêcher, dit Plutarque, que les Germains, voyant ce pays désert, ne passassent le Rhin pour s’y établir : il enjoignit aux émigrants de relever leurs bourgades incendiées et aux Allobroges de leur fournir tout le blé qui leur serait nécessaire jusqu’à la prochaine récolte. Quand la horde rentra dans l’Helvétie, il ne restait que cent dix mille têtes des trois cent soixante-huit mille qui avaient passé le Jura moins de trois mois auparavant.

Des félicitations arrivèrent à César de presque toutes les parties de la Gaule. Une députation des notables citoyens se rendit près de lui, chargée de lui dire, au nom de leurs cités, « qu’encore qu’il eût combattu les Helvètes pour garantir les terres du peuple romain et venger d’anciennes injures, la Gaule ne lui devait pas moins que sa patrie même ; car il l’avait sauvée d’une guerre cruelle et peut-être de la servitude. »

Ce n’était rien d’avoir repoussé les Helvètes, si les Suèves envahissaient la Gaule. Les migrations des Germains étaient continuelles : déjà cent vingt mille guerriers étaient passés. Arioviste, chef des Suèves, s’était établi sur les terres des Séquanes ; il en avait d’abord pris le tiers, et maintenant il ordonnait aux habitants d’évacuer un autre tiers pour le céder à vingt-quatre mille Hérules qui, depuis quelques mois, étaient venus se joindre à lui.