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CÉSAR.

bois, ne connaissant d’abri que la voûte du ciel et la tente de peaux du guerrier germain.

César, afin de mettre de son côté les apparences de la modération, députa vers Arioviste pour lui demander un entretien touchant des objets de haute importance. « Si j’avais besoin de César, répliqua le Suève, j’irais vers lui ; s’il veut de moi quelque chose, qu’il vienne vers moi. »

César lui signifia alors par députés qu’il eût à ne plus attirer d’autres Germains dans les Gaules, à restituer les otages des Édues, et à ne plus ravager les terres de ce peuple ni de ses alliés. S’il se refusait à ces réclamations, César vengerait leurs injures.

« Je suis maître, répliqua Arioviste, de ma province gauloise que j’ai vaincue par les armes, comme les Romains de la leur… Si vous me laissez en repos, vous y gagnerez ; je ferai toutes les guerres que vous voudrez, sans peine ni péril pour vous… Quant à la déclaration de César, « qu’il ne négligerait pas de venger les Édues, » personne ne s’est attaqué a moi sans s’en repentir. Qu’il vienne donc, et César apprendra alors à connaître les Germains, qui depuis quatorze ans n’ont pas dormi sous un toit. »

César reçut à la fois et cette réponse et la nouvelle que les cent cantons des Suèves s’avançaient en masse vers le Rhin. Voyant qu’il n’a pas un seul instant a perdre, il se met en marche, traverse le territoire des Séquanes et occupe à l’improviste Vesontio (Besançon).

Cependant les soldats romains questionnaient les Gaulois avec inquiétude sur les nouveaux ennemis qu’ils allaient combattre. Tout ce qu’on rapportait de la taille et de la férocité de ces géants du Nord épouvantait les vétérans eux-mêmes. César, voyant, dit Plutarque, que la terreur s’était emparée de ses officiers, et surtout des plus nobles, qui n’étaient venus servir sous lui qu’avec l’espoir