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CÉSAR.

de s’enrichir et de vivre dans le luxe, les assembla et leur dit qu’ils pouvaient se retirer ; que, lâches et mous comme ils étaient, ils ne devaient pas s’exposer à contre-cœur. Il me suffit de la dixième légion, ajouta-t-il, pour aller attaquer les Barbares, qui ne sont pas plus redoutables que les Cimbres ; et je ne me crois pas inférieur à Marius. »

La dixième légion, flattée de cette marque d’estime, lui députa ses officiers pour lui en témoigner sa reconnaissance. Les autres légions désavouèrent leurs officiers, et tous ensemble, pleins d’ardeur et de bonne volonté, marchèrent droit au camp d’Arioviste.

Après sept jours de marche, César, conduit par son fidèle ami Divitiac, arriva en vue des Germains.

Alors eut lieu l’entrevue que César avait auparavant demandée en vain. Les deux généraux, sans descendre de cheval, conférèrent sur un tertre qui s’élevait entre les deux armées, rangées dans une vaste plaine. Pendant ce colloque, on vint avertir César que la cavalerie d’Arioviste, se rapprochant de la hauteur, commençait à lancer des pierres et des traits.

Le proconsul rompit la conférence et se retira vers son armée, lui défendant aucun acte de représailles. Lorsqu’on connut dans le camp romain la fin de l’entrevue, il n’y eut qu’une voix pour combattre. Deux jours après, Arioviste fit demander que les négociations fussent reprises. César se contenta d’envoyer un Gaulois dont la fidélité lui était connue et un Romain qui avait été l’hôte d’Arioviste : il les chargeait de recevoir et de rapporter les propositions du chef germain. Mais aussitôt que celui-ci les vit entrer dans son camp, il leur cria devant toute l’armée : « Qui vous amène ? Venez-vous ici pour nous espionner ? » Et il les fit mettre aux fers.

Une semaine se passa en escarmouches. Arioviste s’ef-