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CÉSAR.

cipitamment sur leurs pas, évacuèrent leurs bourgades, et s’entassèrent avec toutes leurs familles et leurs richesses dans leur forteresse d’Aduat, où ils attendirent l’ennemi. La nature semblait avoir tout combiné pour en faire une retraite imprenable ; car les rochers prodigieux et les précipices qui l’entouraient ne laissaient d’accès que par une pente douce, large de deux cents pieds au plus, et défendue par un double mur très-élevé sur lequel on avait placé des quartiers de roches énormes et des poutres très-pointues.

Les Aduatiques ne parurent pas d’abord s’inquiéter des premiers travaux de siége, de la circonvallation de quinze milles qui environna leur ville ; ils considéraient avec une muette curiosité ces ouvrages tout nouveaux pour eux, ces terrasses, ces machines de formes variées. Voyant construire dans le lointain l’énorme tour de bois à plusieurs étages qui devait servir à escalader leur muraille, ils raillaient ces petits hommes d’Italie qui croyaient pouvoir mettre en mouvement une si grande machine. La petite taille des Romains était pour eux, comme pour tous les Gaulois, un sujet de risée.

Mais, quand la tour roulante commença à se mouvoir et à s’avancer, frappés de ce spectacle comme d’un prodige, ils envoyèrent demander la paix à César. Leurs députés lui dirent « qu’ils ne doutaient pas que les Romains, dans la guerre, ne fussent assistés par les dieux, car ils ne pourraient, sans leur aide, ébranler ces énormes machines et les approcher si rapidement des murs pour combattre de près. Ils se livraient donc à lui corps et biens ; seulement, si, dans sa clémence, qu’ils avaient entendu vanter, il avait résolu de leur faire grâce, ils le conjuraient de ne pas les dépouiller de leurs armes. Les Aduatiques n’avaient pour voisins que des ennemis jaloux de leur courage, et contre lesquels ils ne pourraient plus