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CÉSAR.

de César. Ses succès avaient été trop rapides pour être décisifs. L’Armorique, surprise plutôt que domptée, se réveilla bientôt, honteuse de s’être avouée vaincue sans avoir combattu. L’armée romaine, qui hivernait entre la Loire et la Seine, manquait de vivres. En vain les préfets et les tribuns parcouraient le pays de tous côtés et se rendaient de ville en ville, pressant les envois de provisions. Les Venètes (pays de Vannes) se saisirent des commissaires romains, croyant par la avoir trouvé un moyen infaillible de recouvrer leurs otages. Cet exemple fut imité par les peuples voisins. Bientôt une ligue commune pour la délivrance du territoire réunit toutes les nations maritimes et voisines de la côte, depuis la Seine jusqu’à la Loire. Les confédérés demandèrent du secours dans l’île de Bretagne et en reçurent quelques troupes auxiliaires. Ils signifièrent au général romain un message conçu en ces termes : « Si tu veux recouvrer tes compagnons, rends-nous nos otages. »

César était déjà parti pour l’Illyrie lorsque ces nouvelles lui parvinrent. Il voulait visiter ces peuples et connaître ce pays qui faisait partie de son gouvernement. Trop éloigné pour arriver aussi rapidement qu’il aurait voulu, il ordonne de construire des galères sur la Loire, de lever des rameurs dans la province et de rassembler des matelots et des pilotes. De plus, dit-il, sachant que presque tous les Gaulois désirent un changement, qu’on les fait courir aux armes avec autant de légèreté que de précipitation, que tous les hommes, naturellement épris de la liberté, détestent l’état de servitude ; craignant que, par ce caractère si aisément inflammable des Gaulois, l’insurrection ne gagne toute l’Armorique et ne s’étende même au delà, il ordonne à Crassus d’occuper le pays entre la Loire et la Garonne, et d’entrer en-Aquitaine s’il en est besoin, à Labiénus de surveiller la Belgique, à Titurius Sabinus de marcher contre