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CÉSAR.

les Curiosolites (environs de Saint-Malo), les Unelles (le Cotentin) et les Lexoves (Coutances, Évreux, Lisieux). Il confie à Décimus Brutus le commandement de la flotte. Lui-même se réserve l’élite des troupes de terre pour faire la guerre aux Venètes, qu’il regarde comme le centre du mouvement et la nation la plus redoutable de cette partie de la Gaule.

À peine arrivé d’Italie, il se dirige avec son armée sur leur territoire, ordonnant à sa flotte de faire voile dans la même direction et de venir le rejoindre à la côte.

Sur la presqu’île sauvage qui bornait la Gaule à l’occident, César n’avait pas seulement les hommes à combattre, il lui fallait aussi lutter contre les éléments. Le territoire venète était sillonné en tous sens de vastes et profonds marais produits par les inondations de la mer. La plupart des villes étaient bâties au milieu de ces marais d’eau salée ou sur des grèves recouvertes chaque jour par le flux : elles formaient alors de véritables îles inabordables aux piétons pendant la marée haute, et dangereuses aux navires, parce que le reflux, en se retirant, les laissait engagés dans les bas-fonds et dans les sables. Lorsqu’à force de peines les Romains parvenaient à contenir la marée par des digues et à élever leurs terrasses de siège au niveau des remparts, les Venètes, n’espérant plus se maintenir, faisaient à leur aise aborder un grand nombre de vaisseaux, s’embarquaient corps et biens, et se retiraient dans une autre ville, que l’ennemi devait encore assiéger de la même manière.

Les Romains perdirent ainsi beaucoup de temps. Ils détruisirent plusieurs de ces forteresses ; mais le peuple venète subsistait invincible dans de nouveaux asiles, toujours prêts à le recevoir.

Pour le réduire, César devait se rendre maître de la mer. Pendant presque tout l’été, des tempêtes violentes