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CÉSAR.

jusqu’aux épaules, ils s’avançassent contre l’ennemi. Les Bretons, à qui tous les bas-fonds étaient connus, accouraient avec assurance, lançaient leurs traits ou poussaient sur la grève leurs chevaux familiarisés avec la mer. Mais les machines de siége vinrent au secours des Romains et nettoyèrent le rivage par une grêle de pierres et de traits. Dès que les légions eurent le pied sur le sec, elles chargèrent les barbares, qui prirent la fuite.

Cependant l’équinoxe approchait : c’était le moment des grandes marées. En une nuit la flotte romaine fut brisée ou mise hors de service. César et ses légions se trouvèrent sans vaisseaux, sans vivres, sans cavalerie. Les barbares, qui dans le premier moment avaient donné des otages, essayèrent de surprendre son camp ; ils l’enveloppèrent et l’assaillirent avec leurs chariots à faux. Les Romains auraient péri jusqu’au dernier, si César n’eût dégagé ses légions. Vigoureusement repoussés, les Bretons demandèrent à se soumettre. César leur parla en vainqueur impérieux, leur ordonna de livrer des otages deux fois plus nombreux ; mais ses vaisseaux étaient réparés, il savait que quelques jours plus tard la mer lui était fermée. Sans attendre la réponse des insulaires, il mit à la voile au milieu de la nuit.

Cette sorte de reconnaissance, qui avait duré vingt jours, fut suivie d’une expédition plus sérieuse : César voulait forcer les races galliques dans leur dernier asile. Il chargea ses lieutenants de pousser les préparatifs avec vigueur, tandis qu’il allait en Italie faire proroger son commandement pour cinq années. À son retour en Gaule, il trouva vingt-huit galères complètement équipées et six cents transports construits d’après le plan qu’il avait indiqué, plus larges et moins hauts de bord que ceux dont il s’était servi précédemment, et tous en même temps à voiles et à rames.