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CÉSAR.

curée. « Qu’on se figure, ajoute M. Amédée Thierry, les atrocités qui durent accompagner ce sac de tout un peuple ! Qu’on se représente un cordon de cinquante mille Romains, placés la pour assurer l’impunité aux assassins, pour leur livrer des victimes ; et, parmi ces Romains, César, un frère de Cicéron, Brutus, Trébonius, tout ce que la jeunesse patricienne renfermait de plus éclairé et de plus poli ! on détournera les yeux avec tristesse et horreur. »

Toutes les villes, toutes les habitations furent incendiées ; les blés que ne mangèrent pas les chevaux furent brûlés sur pied. Le général romain avait songé, par un raffinement de cruauté, aux malheureux Éburons que le hasard aurait soustraits au fer ou à la flamme : il les condamnait à mourir de faim après le départ des légions.

Quant à Ambiorix, toutes les tentatives pour s’emparer de lui échouèrent. Vingt fois on se crut au moment de l’atteindre ; mais toujours il s’échappait à la faveur des ténèbres, errant de forêt en forêt, de caverne en caverne, de précipice en précipice, accompagné de ses quatre cavaliers. De faux rapports, propagés par les prisonniers éburons, fourvoyaient perpétuellement les Romains dans leur chasse. Ils se lassèrent, et ce héros de l’indépendance vécut pour des temps meilleurs.

Après cette dévastation, César ramena son armée à Durocortorum (Reims) ; il y tint l’assemblée générale des cités gauloises. Là, sous ses yeux, il fit instruire et juger l’affaire des insurrections sénonaise et carnute. Revenant sur la composition qu’il avait accordée à ces peuples, il condamna et mort et fit exécuter Acco, qui avait été l’âme des mouvements populaires chez les Sénons. Les autres accusés avaient pris la fuite ; ils furent frappés de l’excommunication de l’eau et du feu. Après avoir indiqué des quartiers d’hiver à ses troupes et s’être assuré du blé pour l’armée,