Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 34.djvu/267

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
266
CÉSAR.

fit disséminer dans les quartiers des différentes nations, car il craignait que leur arrivée et la commisération de la multitude n’excitassent quelque désordre.

Il convoque l’armée le lendemain, la console et l’exhorte à ne point se laisser abattre par un échec. « Les Romains ne devaient point la victoire à leur valeur en bataille rangée, mais à un art et à une habileté dans les siéges inconnus aux Gaulois. Il n’avait jamais été d’avis de défendre Avaricum, l’armée le savait ; mais cette perte, il saurait la réparer bientôt. Il travaillait à rallier à la cause de la liberté les nations gauloises jusqu’alors dissidentes, actives ou neutres, dans l’alliance de Rome. Ses mesures étaient prises et leur succès infaillible. Ainsi réunis, les Gaulois formeraient une fédération à laquelle l’univers entier ne résisterait pas ; le moment était proche, et il avait presque réussi. »

Grâce au caractère magnanime de Vercingétorix, les revers ne faisaient qu’augmenter son ascendant et raffermir la confiance. L’assonance que toutes les divisions allaient enfin cesser et tous les Gaulois se réunir sous le drapeau d’une liberté commune remplissait les cœurs d’espérance. Ces hommes indociles, turbulents, ennemis du travail, se plièrent à tout ce que leur général exigeait d’eux : ils apprenaient à s’endurcir aux mêmes labeurs que les légionnaires, ils s’exerçaient à retrancher les camps et à construire des machines selon la manière romaine.

Vercingétorix n’avait point mis d’exagération dans ses promesses. Tandis que le siége d’Avaricum absorbait tout l’effort des Romains, il leur avait suscité de nouveaux ennemis. Les Aquitains s’étaient déclarés, ils avaient envoyé de la cavalerie au généralissime. Les Édues eux-mêmes s’étaient détachés de César, et, pendant le siège d’Avaricum, ils l’avaient laissé manquer de blé. Leur détection le priva de sa cavalerie, et il fut obligé d’en faire venir de