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CÉSAR.

chez les Germains pour la remplacer. Labiénus, lieutenant de César, eût été accablé dans le Nord s’il ne s’était dégagé par une victoire (entre Lutèce et Melun). César lui-même échoua au siége de Gergovie des Arvernes. L’armée romaine eût été entièrement défaite sans la dixième légion, la légion favorite de César, qu’il avait placée en réserve, et qu’il conduisit lui-même à l’ennemi. Quarante-six centurions étaient restés sur le champ de bataille.

La guerre allait toujours grandissant. La Belgique avait adhéré à la fédération, et une assemblée solennelle des délégués de toute la Gaule se tenait à Bibracte (Autun) pour délibérer sur les opérations ultérieures de la guerre et sur la réélection du généralissime. Trois nations seulement ne s’y firent point représenter, les Rèmes, les Lingons et les Trévires : ceux-ci comme très-éloignés et d’ailleurs empêchés par de nouvelles incursions germaniques, les Lingons et les Rèmes surtout comme contraires à la coalition et amis déterminés des Romains.

Vercingétorix, à la presque unanimité des suffrages, fut maintenu dans le commandement qu’il avait honoré par tant de vertu et de courage.

Chargé du sort de tant de millions d’hommes, il revint à son ancien plan, que l’arrivée subite de César avait fait échouer au commencement de la campagne. Tandis qu’il marchait en personne contre les légions réunies dans le Nord, il fit attaquer la province narbonnaise par trois endroits à la fois.

Les affaires de César allaient si mal, qu’il ne pensait plus qu’à se retirer en bon ordre vers le nord de la province, afin de la secourir et de tirer de nouvelles troupes d’Italie. Du territoire des Lingons, il se dirigea vers la frontière séquanaise pour gagner le Rhône. Vercingétorix le suivait à dix milles de distance, attentif à tous ses mouvements ; il l’atteignit avant que César eût passé la Saône.