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CÉSAR.

Ayant appelé au conseil les chefs de la cavalerie : « Le jour de la victoire est arrivé, leur dit-il ; les Romains s’enfuient dans la province et quittent la Gaule. C’est assez pour la liberté du moment ; ce n’est rien pour la paix et la liberté à venir. Bientôt ils reviendront avec de plus grandes forces, et la guerre ne finira pas. Qu’y a-t-il à faire ? Tenter un combat de cavalerie, attaquer l’ennemi en pleine marche et embarrassé de ses équipages. Si l’infanterie s’arrête pour les défendre, César ne peut continuer sa route, il est perdu. S’il les abandonne pour songer à sa sûreté, il sortira de la Gaule, mais couvert de honte. »

Tous s’écrient qu’il faut combattre sans délai, tous s’engagent par le serment le plus sacré « et ne point revoir leurs maisons, leurs familles, leurs femmes et leurs enfants, qu’ils n’aient au moins deux fois traversé la ligne ennemie. »,

Le combat fut terrible. César y courut les plus grands dangers. Enveloppé par des cavaliers arvernes, il fut presque pris, et son épée resta entre leurs mains. Il eût perdu la journée si les masses compactes de ses légions ne se fussent sans cesse portées, pour soutenir sa cavalerie, partout où le combat était le plus vif.

Enfin, la cavalerie germaine, gagnant une hauteur importante, se précipita avec tant de fureur sur une division gauloise qu’elle la mit en déroute. À cette vue, les deux autres divisions, craignant d’être enveloppées, se mirent à fuir en désordre. Les Romains et les Germains en firent un massacre horrible. Il ne fut plus possible d’arrêter cette panique. Ces esprits mobiles tombèrent alors dans un tel découragement, que Vercingétorix ne put les rassurer qu’en se retranchant sous les murs d’Alésia, ville forte (dans l’Auxois).

César ne perdit pas un instant. Laissant ses bagages sur une colline, à la garde de deux légions, il se mit à la pour-