Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 34.djvu/276

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
275
CÉSAR.

Gaulois font les derniers efforts pour emporter la ligne ; un double cri s’élève à la fois des rangs des deux armées. Bientôt, jetant le javelot de part et d’autre, on tire le glaive et on combat corps à corps. Tout à coup les Gaulois voient derrière eux la cavalerie germaine. Ils faiblissent, se rompent, et les Romains en font un affreux carnage. Vergasillaun est pris ; le chef des Lemovikes (Limousins) est tué. La garnison d’Alésia, voyant ce massacre et cette fuite désespérée, abandonne sa position et se retire dans la ville. L’armée extérieure se disperse dans le plus grand désordre.

On rapporta soixante-quatorze drapeaux des nations gauloises à César, et, sur une si grande multitude, fort peu d’hommes rentrèrent au camp sans blessures. Cette armée de la Gaule entière s’évanouit comme un rêve, dit Plutarque.

Dans la nuit qui suivit cette bataille, nuit suprême de l’indépendance gauloise, Vercingétorix pensa que sa mort suffirait peut-être à la vengeance du vainqueur, et que la garnison obtiendrait merci. Au point du jour il convoque ses troupes. Il leur rappelle qu’il n’a point entrepris cette guerre pour son avantage, mais pour la liberté commune ; puisqu’il faut céder à la fortune, il s’offre pour qu’on donne satisfaction aux Romains par sa mort volontaire ou pour qu’on le livre vivant à l’ennemi.

Le conseil députe vers César pour traiter de la reddition. Il ordonne que les ennemis remettent leurs armes, qu’ils livrent leur chef et se rendent et discrétion. Puis il va lui-même en avant du camp, hors des portes, pour y recevoir la soumission des vaincus et prononcer de son tribunal sur leur sort.

Vercingétorix n’attendit point qu’on le traînât enchaîné devant César : il monta sur son cheval de bataille, se revêtit de sa plus riche armure, sortit de la ville et traversa au