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CÉSAR.

galop l’intervalle qui séparait les deux camps. Après avoir tourné en cercle autour du tribunal, il sauta de cheval, jeta son épée, son javelot et son casque aux pieds du Romain, sans prononcer une parole.

Le vainqueur se montra moins grand que le vaincu. César éclata en reproches sur son amitié trahie, sur ses bienfaits méprisés. Puis il ordonna à ses licteurs de garrotter Vercingétorix et de l’entraîner dans le camp. Vercingétorix souffrit tout en silence. Il fut conduit à Rome et plongé dans un cachot infect. Il y attendit pendant six ans qu’il pût décorer le triomphe de César. Ce jour-là il rendit sa grande âme sous la hache du bourreau, ne laissant d’autre historien pour faire vivre sa mémoire que son ennemi César.

César fit grâce de la vie à la garnison d’Alésia, mais il la réduisit en esclavage, ainsi que les Gaulois de l’armée extérieure tombés en son pouvoir. Chaque soldat romain eut un captif pour butin. La liberté de vingt mille prisonniers arvernes et édues fut accordée à la soumission de ces deux peuples. Le dévouement de Vercingétorix ne fut pas perdu pour les siens : cette grande victime expiatoire sauva la vie et la liberté de plusieurs milliers de ses compatriotes.

Le désastre de la confédération n’avait que trop démontré aux Gaulois leur impuissance à résister en masse contre les forces de l’armée romaine réunies. Ils sentirent que la guerre partielle et simultanée en un grand nombre de lieux était la seule praticable, et que César n’aurait ni les moyens, ni le temps, ni les forces nécessaires pour se porter partout à la fois. Dans cette lutte à mort, il n’était pas de nation qui ne dût s’exposer à périr même, si, tandis qu’elle arrêterait l’ennemi, les autres pouvaient recouvrer la liberté.

Pour diviser l’effort des légions, dès l’ouverture des hosti-