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CÉSAR.

lités, les chefs gaulois qui survivaient à Vercingétorix établirent trois centres de résistante : un dans le Nord, chez les Bellovaques, un autre dans l’ouest, chez les Andes, et le troisième au Midi, chez les Cadurces. Les Trévires devaient en outre inquiéter Labiénus et le retenir en Séquanie. Ce plan convenu, on répara les places fortes et l’on amassa des vivres.

Dès que César fut instruit de ces mouvements, il partit, la nuit des calendes de janvier, de Bibracte, où il passait l’hiver, et, ralliant deux légions, se mit à parcourir le territoire des Bituriges, qui, ne voyant chez eux qu’une faible garnison, faisaient des préparatifs de guerre. L’arrivée subite de César surprit la population disséminée dans la campagne et occupée de la culture. Ils ne furent pas même avertis par le signal qui précédait ordinairement César, l’incendie des habitations ; la cavalerie romaine tomba sur eux avant qu’ils pussent se réfugier dans les villes. On enleva plusieurs milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, qui furent garrottés et traînés avec le bagage ; les autres, poursuivis de canton en canton, crurent trouver un refuge, mais en vain. César, forçant sa marche, se montre partout à la fois et ne laisse nulle part le loisir de recueillir les fugitifs. Après avoir ainsi pourchassé pendant plusieurs semaines cette population demi-morte de froid, de faim, de fatigue, il la reçoit à composition, exigeant une forte somme pour ses troupes. « Grâce à la clémence de César, dit le continuateur des Commentaires, Hirtius, les Bituriges purent rentrer dans leurs foyers dévastés. » Le proconsul renvoya les deux légions chez les Rèmes et rentra lui-même à Bibracte après quarante jours d’absence.

Il y était à peine depuis dix-huit jours, qu’il reçoit la nouvelle de l’insurrection des Carnutes, qui, mécontents de la soumission des Bituriges, étaient entrés sur leurs