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HOMÈRE.

d’époux et de père à Chio, qu’il composa l’Odyssée, poëme de sa vieillesse, résumé de ses voyages, de ses impressions, de ses infortunes et de son bonheur, dans lequel il fait revivre, agir et parler, sous des noms chers à sa mémoire, lui-même et tous les personnages qui revivaient par leurs bienfaits dans son cœur : Phémius, « son cher maître et son second père, qui l’emporte sur tous les mortels dans l’art des chants, et qui, pressant du doigt les fibres de la lyre, prélude à ses récits mélodieux » ;

Mentès, son ami et son pilote de mer en mer, dont il dit : « Je me glorifie du nom de Mentès, fils du généreux Anchyale ; je commande aux Taphiens consommés dans l’art de gouverner les navires sur les flots » ;

Pénélope, sous le nom de laquelle il célèbre « la beauté et la fidélité d’une chaste épouse que ni les séductions, ni l’or des jeunes prétendants, ni les bruits répandus de la mort d’Ulysse, ni les absences, ni les adversités, ni les haillons de son mari, ne peuvent détacher de son amour et de sa religion du lit conjugal » ;

Tychius, l’ouvrier tanneur qui lui donna le premier l’hospitalité à Neotichos, et dont il éternise, en passant, le nom sur le bouclier d’Ajax : « Ajax porte un bouclier d’airain semblable au flanc arrondi d’une tour ; sept peaux de bœuf, les unes sur les autres, recouvrent le bouclier. Elles sortent des mains de Tychius, le plus habile des enfants de Neotichos dans l’art de tanner, de couper et de coudre le cuir. »

Il n’oublia pas même ses esclaves ; et le fidèle vieillard Eumée est sans doute le souvenir poétisé d’un de ces vieux serviteurs que l’attachement et les années incorporent dans la famille, et qui en suivent les prospérités et les décadences comme l’ombre de l’arbre domestique croît et décroît sur le seuil avec les printemps et les hivers.

Le bruit de sa renommée se répandit tard, mais