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CÉSAR.

tacher plus étroitement à lui, il fit de la Gaule qu’il avait conquise une seconde province, sous le nom de Gaule chevelue, la distinguant de la province narbonnaise, qui lui était suspecte comme pompéienne.

Ce qu’on rapporte de l’ardeur des soldats de César, de cette soif de péril, de ce dévouement à la vie et à la mort, de cette valeur furieuse, caractérise dans l’homme de guerre le maître consommé des brigues romaines.

« César, dit Plutarque, a toujours trouvé tant d’affection et tant de bonne volonté dans ses soldats, que ceux qui, sous les autres chefs, ne différaient en rien des autres hommes, devenaient invincibles quand il s’agissait de la gloire de César, et couraient tête baissée aux plus grands périls avec une fureur dont rien ne pouvait ni arrêter ni soutenir le choc. Je n’en rapporterai que trois ou quatre exemples :

» Acilius, dans le combat naval qui fut donné près de Marseille, s’étant jeté dans une galère ennemie, eut d’abord la main droite abattue d’un coup d’épée ; mais, avec le bouclier qu’il tenait de la gauche, il poussa toujours sa pointe, et, donnant dans le visage des ennemis, il les renversa tous et se rendit maître de la galère.

» Le centurion Cassius Scéva, au combat de Dyrrachium contre Pompée, ayant eu un œil crevé d’un trait, l’épaule percée d’un javelot et la cuisse traversée d’un autre, ayant reçu sur son bouclier cent trente coups, appela les ennemis comme pour se rendre, et, deux s’étant approchés, il abattit l’épaule de l’un d’un grand coup d’épée, puis, ayant blessé l’autre au visage, il lui fit tourner le dos, et à la fin encore il se sauva, ses compagnons étant accourus à son secours.

Dans la Grande-Bretagne, les chefs de file s’étant engagés dans un lieu marécageux et plein d’eau, et y étant fort pressés par les barbares, un soldat de César, à