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CÉSAR.

mières atteintes à Corduba, en Espagne. Cependant il ne tira point de ces indispositions un prétexte de s’efféminer et de vivre dans la mollesse. Au contraire, il chercha dans la guerre un remède à ses indispositions, en les combattant par de longues et fréquentes marches, par un régime simple et frugal, et par des gîtes à l’air, en rase campagne, et en endurcissant ainsi son corps à toutes les fatigués sans l’épargner.

» Quand il se reposait, c’était ordinairement chemin faisant, ou dans un chariot, ou dans une litière, mettant ainsi son repos à profit et le réduisant en action. Le jour, il allait visiter les châteaux, les villes, les camps fortifiés, ayant à côté de lui, dans son chariot, un des secrétaires qu’il entretenait pour faire écrire sous sa dictée en voyageant, et derrière lui un soldat qui portait son épée, et dans cet équipage il faisait une si grande diligence que la première fois qu’il sortit de Rome avec une charge publique, il arriva sur les bords du Rhône le huitième jour.

» Il était très-bon homme de cheval, et cet exercice lui était très-aisé par l’habitude, car il était accoutumé à pousser les chevaux à toute bride en tenant ses mains entrelacées derrière son dos ; et, dans cette expédition des Gaules, il s’accoutuma à dicter les lettres en marchant à cheval, et il fournissait en même temps à deux secrétaires, et à un plus grand nombre encore, selon Oppius. On prétend aussi que César fut le premier qui imagina de communiquer par lettres avec ses amis, ou dans son camp, ou à la ville, lorsque la nécessité des affaires le demandait et que le temps ne lui permettait pas de s’entretenir avec eux de bouche, à cause du nombre infini de ses occupations et de la vaste étendue du camp ou de la ville.

» Un jour, dans un voyage, il survint une si grande tempête, qu’il fut obligé de se retirer dans la chaumière d’un pauvre homme, où, n’ayant trouvé qu’une petite