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CÉSAR.

chambre qui suffisait à peine pour un homme seul, il dit à ses amis : « Les lieux les plus honorables, il faut les céder aux plus grands, et les plus nécessaires aux plus malades. » Et il laissa la chambre à Oppius, qui était incommodé, et voulut qu’il y couchât pendant que lui et ses amis coucheraient sous un auvent que formait le toit. »

Mais c’est de l’homme surtout que la postérité cherche les traces, à cette distance où elle est aujourd’hui des événements. Elle cherche comment du fond des Gaules, de la Germanie, de la Bretagne, César était plus présent à Rome que dans Rome même.

L’histoire, à cet égard, est pleine de renseignements. D’abord César avait, comme on l’a vu, laissé trois partis dans Rome, également intéressés, l’un à le tenir longtemps éloigné en lui prodiguant toutes les lois, tous les pouvoirs, toutes les légions, tous les subsides qui pouvaient assouvir son autorité presque royale dans les Gaules, c’était celui de Pompée ; l’autre, à le rappeler sans cesse par des éloges, des comparaisons, des regrets, à la mémoire des Romains, afin de miner le sénat et la majesté importune de Pompée, c’était celui de Clodius et des démagogues ; le troisième, enfin, celui de Cicéron et des hommes de paix qui redoutaient au fond César comme le plus dangereux des tribuns, mais qui, à cause de cette crainte même, l’exaltaient jusqu’à l’hyperbole et s’efforçaient de l’endormir dans sa vanité de conquérant, de peur de faire éclater entre lui et le grand Pompée une rivalité et des chocs qui auraient troublé leur quiétude. Si l’on ajoute à la combinaison de ces trois partis le retentissement lointain et perpétuel de ces exploits et de ces conquêtes qui venaient flatter périodiquement l’oreille de Rome, et enfin la nuée d’orateurs et de nouvellistes salariés par César et dont il avait fait, comme les ambitieux de nos jours font des journaux, les porte-voix de son nom,