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HOMÈRE.

rendit au temple avec le cortége ; et, étant arrivé sur le seuil, au moment où l’on venait d’allumer le feu sacré : « O Samiens, chanta-t-il en vers inspirés par la lueur du feu domestique, les enfants sont la gloire des pères, les tours sont la force des villes, les coursiers sont la beauté des prairies où ils bondissent, les vaisseaux sont la grâce des mers, les richesses sont la prospérité des maisons ; les chefs et les vieillards, assis sur leurs trônes dans la place publique, sont un des plus majestueux spectacles que les yeux des hommes puissent contempler : mais il n’est rien sur la terre de plus auguste et de plus pieux que la demeure d’une famille éclairée par le feu du foyer. »

Les Samiens, ravis de l’honneur que cet hôte faisait à leur île, lui donnèrent la place la plus élevée au festin, et le reconduisirent en pompe tu la maison où son lit était préparé.

Le lendemain, en se promenant dans l’île, dont il se faisait décrire les sites et les villes pour reconnaître avec l’esprit ce qu’il avait vu jadis avec les yeux, il passa près d’un four allumé où des potiers de terre façonnaient en vases et cuisaient l’argile. Il fut encore reconnu et entouré par ces ouvriers. Ils le prièrent de s’arrêter un moment auprès de leur atelier, et de leur chanter quelques vers propres à immortaliser leur art ; ils lui offrirent, pour prix de sa condescendance, les plus belles œuvres de leurs mains. Homère sourit, s’assit sur une amphore renversée, et leur chanta ces vers, célèbres depuis, dans les ateliers des mouleurs d’argile, sous le titre de la Fournaise :

« O vous qui pétrissez l’argile et qui m’offrez une coupe en salaire de mes vers, écoutez un de mes chants !

« Je t’invoque, ô Minerve, déesse industrieuse ! Daigne descendre au milieu de ces hommes, et prêter ta main habile à leur travail ! Que les vases qui vont sortir de cette fournaise, et surtout ceux qui sont destinés aux autels des