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CÉSAR.

il réforme le calendrier et des erreurs d’astronomie, au lieu de réformer la république.

Il conserve en les corrompant quelques formes des institutions républicaines, de sélections, des comices, en se réservant le droit de recommander impérativement ses candidats aux tribuns, détestable comédie qui laisse subsister l’appareil de la souveraineté populaire, à condition qu’elle soit une dérision convenue entre le peuple et lui ; il remplit le sénat de mimes, d’affranchis d’hier, de lutteurs qui ont combattu dans le cirque devant le peuple pour lui complaire ; il ordonne aux chevaliers romains, fils de la haute bourgeoisie, officiers de la cavalerie romaine, de donner eux-mêmes des leçons de gymnastique aux écoles de gladiateurs qu’il multiplie pour divertir le peuple romain ; il double les charges et les appointements pour s’attacher plus de créatures ; il pardonne à Antoine et à Dolabella leurs spoliations, à condition d’en restituer quelque chose aux Pompéiens, qui se résignent à sa domination ; il relève même les statues de Pompée, comme dit Cicéron, pour affermir les siennes contre les vicissitudes des réactions futures. Il ne proscrit plus, parce qu’il n’y a plus rien à proscrire et que cinq cent mille républicains se sont proscrits eux-mêmes à Pharsale, en Afrique et en Espagne, pour ne pas vivre sous le destructeur de la république.

D’un autre côté, il passe au peuple et aux vétérans tous leurs caprices et toutes leurs violences compatibles avec son autorité. « Il se passe bien des choses, écrit Cicéron, alors plein d’indulgence, de réticences et de complaisance pour le tyran, il se passe bien des choses qui ne plaisent pas à César, mais que voulez-vous ? C’est le sort des guerres civiles, que non-seulement il faut après obéir au vainqueur, mais que le vainqueur lui-même est obligé à son tour d’obéir aux auxiliaires qui lui ont donné la victoire. »