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CÉSAR.

de César pour sa mère ajoutait une illustration illégitime mais aristocratique, était digne par sa nature de repréter le type de la noblesse romaine. Il n’avait rien dans le caractère ni dans les traits qui rappelât l’antique férocité de mœurs de ses aïeux. La grâce de sa mère, l’élégance de César, se retraçaient dans sa physionomie ; seulement la gravité de Caton, son oncle, frère de Servilie, y ajoutait une maturité précoce et un peu austère, qui révélait le républicain philosophe dans le neveu et dans le pupille du grand Caton. Sous ce maître de mœurs, de vertu et de patriotisme que la parenté lui avait donné, mais que la nature lui aurait fait choisir, le jeune Brutus avait étudié avec les plus rapides progrès les lettres grecques, la philosophie platonicienne qui place le souverain bien dans l’honnête et la vraie gloire dans la vertu, l’éloquence dont Cicéron, son modèle, lui enseignait les préceptes et les exemples, enfin les armes que les Romains mêlaient à tout et dont il avait pris les leçons sous le maître de la guerre, César.

Brutus était donc à la fleur de ses années le modèle, l’admiration et l’envie de la jeune aristocratie romaine. Il avait tous les dons, tous les talents, et de plus toute la pureté de son âge. La chasteté de sa vie, surveillée par Caton, faisait contraste et reproche aux débauches des César, des Catilina, des Dolabella, des Clodius, des Antoine, les impies et les corrompus du temps. Un chaste et mutuel amour, cimenté par les mêmes goûts studieux et par la même philosophie religieuse, l’attachait à Porcia, sa cousine, fille de Caton, que Caton lui avait donnée pour épouse. Il n’y avait peut-être dans Rome que Porcia digne de Brutus et que Brutus digne de Porcia.

Cette union avait resserré encore les liens de sang et de déférence qui l’attachaient à Caton, son oncle. Ces mêmes liens l’avaient naturellement aussi retenu dans le parti de Pompée, qui était celui de la république. Entre la société